OBJETS EN PERIL, une seconde vie possible
Sauvetage des porcelaines anciennes
Toutes porcelaine, céramique, faïences, terre cuite endommagée par le temps, les vicissitudes de la vie, ou un déménagement, peut être restaurée grâce au travail patient et attentionné du spécialiste.
Qu’il s’agissent de l’anse cassée d’une théière, de l’ébréchure d’une tasse, de l’éclat au bord d’une assiette ou d’un vase détruit a plus de 50%, tout objet est réparable en soi selon qu’il possède une valeur commerciale, artistique ou sentimentale.
Les récents progrès techniques concernant les colles, les résines et les couleurs ont révolutionné les méthodes de restauration permettant d’offrir à l’amateur des objets anciens d’excellents résultats pour conserver son patrimoine et protéger ses collections.
Dans l’exemple du grand vase chinois de XVIII ème, reproduit ci-contre, qui provenait d’une demeure seigneuriale, les propriétaires ne se doutaient pas de la métamorphose possible de cette objet dont ils voyaient depuis des décennies les cicatrices et les balafres dues à d’anciennes réparations jaunies peu respectueuse de l’objet.
Coller, remodeler, reconstituer
Dans le cas du vase chinois, photographie ci-contre, la première opération à consister dans ce cas à décoller soigneusement avec des moyens thermiques les 14 morceaux qui étaient assemblés avec de la colle, du ciment, du plâtre et à l’intérieur des bandes plâtrées, les mêmes qui servent, pour consolider les os fracturés.
Ensuite à l’aide d’un décapant, les anciennes traces de colle sont attaquées puis grattées au scalpel jusqu’au parfait nettoyage, l’eau est employée pour dissoudre les colles naturels et les plâtres.
Le vase étant ainsi posé à plat, chaque morceau est numéroté. Les lèvres des cassures mises à nu peuvent alors recevoir la nouvelle colle, et petit à petit le restaurateur va reconstituer la forme de l’objet. Entre chaque opération, il faudra attendre que la prise de la colle soit parfaite pour monter les différents morceaux, une aide est indispensable car il faut le maintenir à l’intérieur et à l’extérieur du vase en évitant tous les ressauts.
La porcelaine se casse rarement de manière nette, il faut donc éliminer les ébréchures et les fentes qui se trouvent à chaque jointure, et ainsi colmater et boucher les manques avec une résine à l’aide d’une spatule.
Après durcissement, on procède au ponçage manuel de toutes les aspérités avec différents papiers de verre allant du grain le plus gros aux plus fin, des petites meules de formes différentes sont également utilisées.
Cette opération demande un doigté remarquable car il faut en fin de travail, pouvoir caresser la forme sans ressentir la moindre aspérité.
Lorsqu’il manque un ou plusieurs morceaux, le moulage des pièces existantes permet de refaire à l’identique une anse de théière, ou de tasse ainsi que par exemple une tête d’angelots cassée sur une figurine Meissen.
Cette opération s’effectue avec une pâte spéciale pour moulage qui permet ensuite de couler la forme en résine puis de l’adapter à la pièce d’origine.
Les pinceaux et l’aérographe redonne de la vie par la couleur
Le travail de mise en couleur peut alors commencer à l’aide de pinceaux très fins et d’un Aérographe. Les pigments sont mélangés avec de la résine et du diluant et appliqués avec dextérité reproduisant le plus fidèlement possible le decor détruit ou endommagé.
La qualité des mélanges et leur nuances est le point fort des bon restaurateurs qui doivent fidèlement copier les décors anciens et leurs redonner vie par la couleur.
Certain effets, par exemple de peinture sous émail sont extrêmement difficiles à reproduire comme la transparence du bleu de chine sur ce grand vase en porcelaine du XVIII siècle qui ne peut pas être exactement réalisée car la technique de restauration s’effectue à froid sous un vernis et non au four à plus de 800 degrés pour la faïence, et 1400 degrés pour la porcelaine, lors de sa création.
Traitement d’urgence – l’œil de l’expert
Saviez-vous qu’une pièce cassée devrait être amené à l’atelier dans les 24 heures qui suivent sa fracture ?
Car après un choc la faïence et la porcelaine se déforment rapidement ce qui entraine par la suite des ressauts parfois difficile à combler.
Un objet restauré perd de sa résistance, s’il s’agit d’une pièce utilitaire, il faudra l’utiliser avec précaution, un passage au lave vaisselle serait fatal, car les colles et les vernis ne résisteraient pas.
Un lavage manuel a l’eau tiède savonneuse suffit amplement et pour les pièces décoratives un dépoussiérage au pinceau est conseillé.
Si vous avez des doutes lors d’un achat d’une œuvre d’art d’importance, vous pouvez demander à un spécialiste de la photographier au rayon X, ce qui vous renseignera sur son état de restauration, dans certains cas pour des œuvres d’exception le scanner est utilisé.
Lors de vos visites dans les musées, vous découvrirez que ceux-ci n’ont pas la même politique en matière de restauration. A Florence ou à Londres, il est coutume d’indiquer clairement le nom du restaurateur devant la pièce qui a bénéficié de ses soins attentifs, par contre d’autres pays ne mentionnent même pas que la pièce a été restaurée.
Nous espérons que vous n’aurez jamais besoin du service d’un restaurateur, mais si vous êtes prévoyant vous prendrez une bonne assurance et ferez expertiser vos objet précieux en faisant établir un inventaire complet de vos oeuvres d’art.
OBJETS EN PERIL, une seconde vie possible – SAMMELN MAGAZINE-COLLECTION – Août/septembre 2006 – Andelfingen